PopFleurs, la poésie en confettis de pétales de fleurs séchées

Voici un moment doux et fort, généreux et poétique que je vous partage. Embarquez avec moi dans le monde florissant d’Hélène Taquet, floricultrice et cheffe d’exploitation dans la première ferme française de culture de confettis !

La ferme de Blécourt, une histoire de femmes

 

Hélène habite une ferme du Nord, appartenant à sa famille depuis plusieurs générations. « C’est une ferme qui a toujours été transmise par les femmes, qui adoraient les fleurs. Il y a toujours eu des fleurs pour offrir des bouquets aux églises, pour les mariages… c’était une tradition à la maison. J’ai moi aussi toujours confectionné des bouquets et des herbiers dans ma vie ». La façon dont Hélène parle de cette maison est vraiment touchante et je lui fait remarquer qu’au travers de ses mots, on sent que cette ferme a une âme très forte. « Oui, c’est vrai et ça me donne la chair de poule ce que vous me dites. C’est un lieu habité parce qu’il y a beaucoup de bonnes ondes. Le nom du village n’est pas un hasard. C’est un endroit où il pleut très peu, il y a un microclimat et il y fait extrêmement doux. Le village est bienveillant et les gens s’entraident. Mon grand-père et arrière-grand-père y ont été maires. On habite au centre du village sur la place, c’est une maison que les gens aiment bien, c’est un endroit fort. On se sent vraiment encré dans le sol, on est là pour quelque chose, cela me donne beaucoup de force ».

 

 

Une idée qui germe en observant ses fleurs 

 

Paysagiste de formation, Hélène a remarqué que les gens avaient besoin d’être dehors et en contact avec la nature. Elle a donc organisé avec grand succès des ateliers floraux en entreprise. Mais la floricultrice voulait aller plus loin car au fond d’elle, une grande idée la taraude : « parler d’agriculture et revaloriser ce travail de la terre, parfois bafoué sous prétexte que l’on pollue. Et grâce aux fleurs, je me suis rendue compte que j’avais une fenêtre beaucoup plus large et une oreille plus attentive de la part du monde concerné par l’agriculture ».
Un jour qu’Hélène ramasse pour la énième fois quelques pétales séchés tombés par terre, une idée forte lui traverse l’esprit. Elle a tapé les mots « confettis en pétales de fleurs » sur internet et a découvert qu’il y avait une ferme en Angleterre qui en créait. « Si eux le font, je me suis dit que je pouvais y arriver !».
Aussitôt dit aussitôt fait, Hélène se lance dans ce projet en s’estimant gâtée puisqu’elle avait tout sur place pour réaliser son projet : « Je suis née là-dedans, je sais cultiver, j’ai la terre, les ressources, le matériel, des gens autour qui m’aident au besoin. On occupe un grand endroit avec de l’eau, une forêt et tous les insectes auxiliaires nécessaires ». La surface plantée de 2000m2 est en train de passer à 4000m2, avec l’objectif d’atteindre un hectare et demi et de développer les fleurs pressées.
« J’ai 2 personnes du village qui travaillent pour les fleurs. Avec les commandes que j’ai pour 2021, je pense que je vais pouvoir en embaucher deux de plus. Mon objectif est de créer de la ressource locale, de pouvoir entretenir ces bâtiments, de faire tourner la ferme et de faire qq chose de beau, cela fait du bien car c’est un peu la guerre partout. En faisant du bien aux autres, on se fait du bien ».

 

De la graine au confetti 

 

Aucune journée ne se ressemble à la ferme de Blécourt. Les activités se multiplient, au rythme des saisons, de la météo et des commandes. Les fleurs de jardin sont semées ou plantées, cultivées naturellement, sans produits chimiques. Renoncules, roses, hortensias, tagettes, delphinium annuelles ou vivaces… Hélène travaille de façon empirique, teste pour trouver les bonnes variétés qui se cultivent, le moment opportun à la cueillette, la manière de les sécher. Les vivaces sont plantées en hiver tandis que les annuelles se ressèment en partie seules. La floricultrice privilégie les graines françaises mais le manque de choix la pousse également vers les graines venues d’Angleterre. C’est son choix de ne pas arroser, quitte à avoir moins de fleurs mais la proximité de la forêt apporte de la fraicheur et de l’humidité. La cueillette et l’effeuillage est une étape très longue car cela se fait à la main. La météo, tels que les gros orages ou la sécheresse extrême des deux dernières années abime parfois les récoltes. Néanmoins, Hélène adore son travail et chacune des étapes, sans se lasser. « Même vendre, en parler, raconter… j’aime tout » !

 

Flower’s power !

 

Après que les fleurs aient été séchées à l’air, dans le noir et au chaud, elles sont vendues en confettis, principalement aux particuliers, ou en bouquets, quasiment exclusivement à des professionnels, fleuristes et grossistes.
Les confettis sont offerts pour de nombreuses occasions : mariages, fêtes d’anniversaire, baptêmes, mais aussi glissés dans une enveloppe pour annoncer le sexe du bébé à venir ou dans des coffrets cadeaux pour les salariés. Hélène est toujours heureuse de recevoir des messages de clients. « Avec les confettis, je reçois des témoignages et photos où les gens se sentent beaux. Cela embellit  leur maison et leur fête ».
Les fleurs sont un cadeau merveilleux à offrir et dégagent encore une douce odeur de nature, menthe et foin après leur séchage et les clients apprécient énormément. D’ailleurs, Hélène explique que des études ont été faites au Canada et en Asie sur le bien-être énorme qu’apportait le végétal. Rien que regarder les fleurs aide beaucoup. « Les malades placés par exemple devant les arbres ou les fleurs guérissent mieux. Cela permet vraiment au cerveau de lâcher prise. La nature a cet effet-là. La sève des tiges de fleurs , en contact avec la peau, permet de développer l’hormone du bonheur, c’est incroyable !. Mes ateliers floraux en entreprise étaient toujours réussis !! »

 

Hélène, entrepreneuse sensible et hyperactive

 

Dans chacun des métiers qu’Hélène a exercés, elle s’est toujours retrouvée là où il n’y a pas grand monde ! « Je suis hyperactive et d’une grande sensibilité. L’air de rien, je sens beaucoup de choses et surtout où il faut être, un peu avant tout le monde. Ce que j’aime c’est développer un projet. Avec la culture de fleurs, c’est tellement différent tout le temps et il y a tellement de choses à faire que je ne suis pas prête de me lasser ! Tout reste à faire dans la fleur en France. Je touche tous les domaines : biomimétisme, cosmétique, cuisine… ». Et si elle avait une baguette magique ? « Je deviendrais ministre de l’Agriculture pour remettre tout cela d’équerre. Sinon, les fleurs n’ont pas besoin de moi pour recevoir un pouvoir magique parce qu’elles l’ont déjà. Je suis à leur service. C’est pour cela qu’il faut réconcilier les métiers autour de la fleur. Chacun a un rôle à jouer ».
Hélène est persuadée qu’en valorisant le métier d’agriculteur, ce sont tous les maillons de la chaîne qu’on met en valeur. D’ailleurs, elle est l’un des membres fondateurs du Collectif de la Fleur Française qui a pour but de mettre en relation les particuliers et les fleuristes et producteurs. « C’est très intéressant et je me rends compte à quel point les fleuristes ne connaissaient pas les producteurs. C’est un vrai outil de travail pour eux. Par ailleurs, 98% des fleuristes ont 90% de fleurs étrangères dans leur magasin. Le collectif grandit beaucoup mais il y a des endroits où les fleuristes ne peuvent s’approvisionner car pas assez de producteurs.  On s’est fait couper l’herbe sous le pied par les hollandais et maintenant, on repart de loin. On réconcilie tout le monde mais cela prend du temps ».

Si vous aimez le travail d’Hélène, n’hésitez pas à vous rendre sur son site au pétillant nom de Popfleurs https://popfleurs.com/

(Crédits photos: Popfleurs)